
Une série (Paramount) de Taylor Sheridan, avec Helen Mirren (remarquable of course), Harrison Ford, Brandon Sklenar, Julia Schlaepfer, Jerome Flynn, Darren Mann, Michelle Randolph, en 8 épisodes d’environ 55′ (2022). Suit une deuxième saison de 7 épisodes (2025). Il s’agit du prequel de Yellowstone et de la suite de 1883, c’est-à-dire que nous suivons la sage des Dutton et de leur ranch dans le Montana. Là, nous sommes donc en 1923: la Première Guerre a laissé des traces, le pays se modernise (l’électricité et les voitures arrivent). Une année de sécheresse met en compétition les grands ranchers éleveurs de bovins et des immigrants écossais éleveurs de brebis. Une guerre s’engage. Le patriarche Jacob Dutton a 78 ans mais il n’est pas dans sa nature de lâcher le morceau. En parallèle, nous suivons la vie africaine de Spencer Dutton, le neveu et héritier présomptif, devenu chasseur en Afrique: Reviendra-t-il aider sa famille? C’est très bien écrit, très bien joué, avec un exceptionnel lead couple formé par deux géants: Helen Mirren et Harrison Ford. Nous entendons la philosophie Sheridan et son style de dialogues ne fuyant pas la métaphysique. Suscitant de vifs débats aux USA, qu’en dire simplement ? Je dirais volontiers qu’il s’agit d’une forme d’anarchisme de droite, sceptique sur l’Etat, admirateur des héros grecs ou nietzschéens, l’idéal de l’homme libre sur sa ferme (comment ne pas penser à: « Alors, ils seront assis chacun sous sa vigne et sous son figuier », Mi 4,4?). « Nous prenons ce que la vie nous offre ». Il est sans illusions sur l’homme, qui n’est pas naturellement bon et qui mènera le monde à sa perte par sa cupidité: « Greed will be the thing that kills us all » (s1e3) et on ne peut que lui donner raison sur ce point: « Oui, le cœur de l’homme est compliqué et malade ! » (Jr 17,9). Il n’est pas vraiment croyant et très critique de la religion instituée. Il y a de fait une ligne narratrice parallèle à la principale qui suit le parcours d’une jeune indienne enfermée dans un orphelinat tenu par des sœurs et prêtres sadiques. Je ne nie pas que des choses abominables se sont produites dans ces orphelinats que le Canada et les USA avaient confié à des institutions catholiques pour « éduquer » les Indiens. Mais, là, le degré de violence, d’abjection et de sadisme est tel que cela atteint l’invraisemblable (notamment dans certaines répliques de ces pseudo-religieux). C’est souvent insoutenable (et répétitif) et j’ai souvent accéléré ces passages qui n’ont, en outre, aucun intérêt pour l’intrigue principale qu’elle ralentit (il en va de même du sadisme du méchant avec les prostituées qui en fait un monstre de façon un peu trop complaisante ). Certes, cela permet de rappeler qu’à l’époque de la série, les communautés indiennes subissaient souvent des traitements inhumains et j’imagine que c’est la raison de cette ligne scénaristique mais elle est narrativement maladroite et psychologiquement excessive. Mais, à cette importante réserve près, le reste de la série déploie une grande saga familiale dans les paysages superbes du Montana avec un vrai suspense. Il y a de la haine certes mais aussi beaucoup d’amour (notamment dans le couple Jacob – Cara). Si vous aimez la patte Sheridan, et que votre cœur est bien accroché face à la violence brute, vous ne la manquerez pas…