Un film de Kathryn Bigelow, avec Rebecca Ferguson, Idris Elba, Greta Lee, Gabriel Basso, Jared Harris. Un missile intercontinental est repéré alors qu’il vient de décoller quelque part dans le nord est du Pacifique: il vise les Etats-Unis. Nous allons suivre les réactions, entre sang froid et panique, des différents acteurs de la chaine de commandement américain, depuis les conseillers, les généraux, et le président lui-même. Le film part d’un constat tout à fait exact et actuel: la course aux armements nucléaires est reparti (y compris donc chez les principaux acteurs: la Russie, les USA et la Chine) et le risque qu’un emballement provoque une riposte généralisée est plus que jamais réel; peu probable sans doute mais réel. Le film est conçu selon le principe que nous allons voir la même séquence temporelle mais de trois lieux différents, ce qui fait par exemple que dans les premières deux, le président n’apparaît et que l’on ne sait même pas à quoi il ressemble. Où ‘l’on redécouvre – au cas où l’on aurait des doutes – que ceux qui sont censés savoir n’en savent pas tant que cela (sur les intentions des nord-coréens, sur la précision des GBI – Ground-Based Interceptor – etc.), que le facteur humain est toujours prépondérant malgré le côté massif des systèmes de procédures et de contrôle: à la fin, c’est un homme qui décide ou plus exactement un homme sous pression – et son petit cercle de proches et conseillers pesant dans un sens ou l’autre – qui a moins d’un quart d’heure pour prendre une décision capitale pour le futur non seulement de son pays mais de l’humanité. Le rythme est bon, les acteurs presque tous excellents, l’ensemble plaisant. Mais. Mais il y a deux mais: le premier porte sur l’absurdité de déclencher une riposte alors même qu’il y a une incertitude totale sur l’identité de l’agresseur (cela paraît même en dix secondes absurde car, d’une part, la capacité de riposte américaine est très forte et il s’agira d’être certains de frapper le ‘coupable’ alors, d’autre part, qu’arroser la Russie, la Chine et la Corée sans discriminer fait qu’il y aura forcément des sites qui auront encore des missiles pour riposter. Je pense que la description du système de défense américain est plutôt correct (même si pourquoi n’envoyer que deux GBI et non pas d’autres immédiatement ou une minute après les deux premiers?). Il y a un deuxième ‘mais’ lié au scénario: les séquences 2 et 3 nous font réentendre la première et c’est ok mais elles n’apportent pas la petite touche de nouveauté que l’on pourrait attendre. La fin est, très volontairement frustrante, mais je pense comprendre et approuver le choix (contrairement à beaucoup de spectateurs), cinématographiquement difficile de la réalisatrice et du scénariste: nous faire penser et ne pas nous laisser soit soulagés soit désespérés: le futur est dans nos mains et il nous faut être conscients du monde dans lequel nous vivons.