
Une jeune femme française d’aujourd’hui part à la recherche de son arrière grand-mère, une femme surnommée Betsy, et sur laquelle pèse dans la famille un silence troublé. Elle était ‘malade’ ou ‘folle’, on ne savait pas trop. Les femmes de la famille doivent faire attention car un ‘gène’ est là qu’il ne faut surtout pas éveiller. Alors elle part rencontrer sa grand-mère, des cousines, le frère, etc. Elle essaie de comprendre ce qui s’est passé. Par bribes, peu à peu, les choses se précisent sans que le mystère disparaisse. Elle nous parle de ce que fut le traitement psychiatrique des femmes en souffrance psychologique au milieu du 20ème siècle en France. Et plus largement les conditions de vie dans les asiles et cela fait froid dans le dos. C’est aussi une façon de montrer comment le regard des hommes jugeait les femmes et qualifiait leurs soucis. Pour que ces femmes ne soient plus un ‘problème’, on les internait et, dans certains cas, on pratiquait une lobotomie, une pratique barbare qui fut appliquée à des milliers de femmes en Occident des années 30 aux années 50 (et même 80 et qui n’est pas interdite d’ailleurs). C’est un livre d’une indéniable puissance, porté par une écriture remarquable de style tout autant que de finesse psychologique. Plusieurs éléments m’ont fait penser à une part de ma propre famille (maternelle également). C’est une thèse mais la qualité littéraire et la construction narrative du livre (distillant les découvertes avec art) en font un essai saisissant. Il nous parle de ce qu’est une famille, des silences qui pèsent dans la durée, d’un certain catholicisme français aussi, de la médecine et surtout essentiellement d’humanité. Absolument remarquable.