
Un film de Pierre Schoeller avec Camille Cottin, Romain Duris, Céleste Brunnquell, Denis Podalydès. Nous voilà dans le monde du nucléaire français. Claire et Yves, un couple d’ingénieurs engagés, scientifiques, sérieux. Ils s’aiment et ont une fille de 21 ans. Lors de la visite d’un musée à Londres, Claire vit un moment étrange, qui nous échappe, en face de trois tableaux de Rembrandt. Que s’est-il passé? Deux heures après, son mari cherche à comprendre. Peu à peu, le fossé d’incompréhension s’accroît. Derrière, il y a une question (assez vite évidente): les changements climatiques qui s’accentuent peuvent-ils mettre en danger la sécurité des réacteurs français? La question n’est pas ridicule mais le film affronte une question plus métaphysique: comment des Occidentaux rationnels qui se trouvent être sans religion (la chose est explicitement dite) peuvent envisager la fin du monde ou du moins une catastrophe majeure (sans partir en vrille)? Le scénariste semble vouloir faire une place au mysticisme (on voit trois fois de grands crucifix de campagne… Pourquoi? Cela n’est pas explicite). Les acteurs sont bons (surtout Camille Cottin; je suis moins convaincu par Romain Duris) mais la manière de filmer leurs échanges, très théâtrale et avec souvent des sauts de quelques secondes, les rend presque artificiels comme s’ils répétaient la scène. La musique est pénible, surdramatise et rend pesant ce qui n’a pas à l’être (du moins aussi vite). La scène de la présentation de la recherche de Claire avec Gunnar vient trop vite et casse le suspense. Mais il y a de gros problèmes dans le scénario: d’abord, on ne comprend pas du tout l’affaire du tableau à Londres (et accessoirement, pourquoi Rembrandt?) et ce qui lui arrive? Est-ce une métaphore? Peut-être, mais ce n’est pas du tout l’impression que le réalisateur met en valeur. Le refus de parler de Claire est humainement inexplicable. Pourquoi ne partagerait-elle pas ce qu’elle pense ou ressent, avec un mari qui connait son milieu, qui l’aime et qu’elle aime?! J’ai trouvé la première partie du film originale et suffisamment énigmatique, la seconde verbeuse, parisienne, longue et (très) peu crédible. Dommage, car la question fondamentale: comment vivre rationnellement et spirituellement la question des limites de la raison, et de ce que l’humanité est en train d’infliger à la planète?, est un thème légitime et qui ne disparaîtra pas de sitôt…