
Une mini-série (HBO-Canal+), de Paolo Sorrentino avec Jude Law et Diane Keaton, en dix épisodes d’environ 52′ (2016). Un jeune cardinal américain est élu pape, on ne sait trop comment et pourquoi franchement (vu son caractère!), et prend le nom de Pie XIII. Orphelin, il a été élevé par une sœur, Sister Mary, qu’il fait venir au Vatican. C’est du pur Sorrentino: esthétiquement superbe et bien interprété mais totalement vain, et religieusement – si ce n’est psychologiquement – invraisemblable (le nombre de dialogues qui, même du point de vue de l’intention du scénariste, est absurde; pour ne prendre qu’un exemple, quand le pape demande à un cardinal: « Why did you enter the church? » aucun cardinal, que dis-je aucun catholique, ne dirait cette phrase et le pape n’est pas un journaliste laïc…). Du coup, cela donne une dimension involontairement dystopique ou fantasmagorique du Vatican, une sorte de grand rêve bizarre (le kangourou va dans ce sens). Les acteurs sont vraiment bien certes et l’ensemble se laisse voir (et même admirer) mais, mon Dieu, que le scepticisme creux et prétentieux de Sorrentino est pénible! Et j’admets volontiers que ma critique est plus idéologique qu’esthétique!
PS: au fil de la vision, je notais les invraisemblances témoignant d’une méconnaissance profonde de la vie catholique (mais est-ce une vraie ignorance ou une volonté de durcir tout pour choquer? comme quand des religieux menacent directement le pape de schisme); le pape ne travaille pas, ne signe rien; il apparaît psychopathe, parano (« I believe only in myself ») et faible à la fois. Son premier discours aux fidèles est proprement délirant et le second aux cardinaux encore plus (même Trump ferait humble en comparaison!). Parfois l’une ou l’autre phrase claque bien – « I don’t want anymore part-time believers: I want great loves stories » – mais c’est au milieu d’un tissu d’absurdités. On dirait parfois qu’il enchaîne les vignettes mais de façon décousue: il nous présente au fond une suite de tableaux animés. Pervers mais original, déprimant mais bien fait…