Un film de Clint Eastwood avec Clint Eastwood, Bee Vang et Ahney Her (2008). Un ancien combattant de la guerre de Corée vient de perdre sa femme très catholique. Lui est rongé par la culpabilité de ce qu’il a fait durant la guerre de Corée. Il habite dans un quartier populaire où habitent de nombreux asiatiques notamment Hmong (du Vietnam). Il leur est hostile. Le jeune prêtre de la paroisse arrivera-t-il à lui parler lui à qui la femme de Walt lui a fait, imprudemment, promettre de le confesser? Un film fort sur la parole, le pardon (et notamment à soi-même), le changement intérieur d’un homme.
Voilà une petite page sur ce film immense:
Se confesser, franchement, c’est un truc ringard, non ? L’occasion, lorsque rarement elle apparaît, de scènes cocasses. Il est rare que le cinéma traite avec intelligence de la confession. Qu’il en montre l’enracinement humain profond, la nécessité au fond. Avec Gran Torino, Clint Eastwood nous en montre magistralement la pertinence tout en nous donnant une vision de ce qu’est la rédemption.
Nous sommes à Detroit. Walt Kowalski est un vétéran de la guerre de Corée. Avec sa femme, ils vivent dans un quartier populaire habité par une population asiatique de plus en plus nombreuse que Walt voit avec antipathie. Le film commence par le décès de sa femme catholique. Quelques jours après les funérailles, il voit débarquer le tout jeune prêtre de la paroisse qui finit par lui avouer que sa femme, avant de mourir, lui a fait promettre qu’il écouterait la confession de Walt. Walt l’envoie bouler. Mais le père Janovich ne lâche pas le morceau. Réussira-t-il ? Pendant ce temps, Thao, un jeune hmong – montagnard du Vietnam -, un voisin de Walt, se trouve aux prises avec un gang local qui veut l’enrôler et menace sa famille. Walt se met peu à peu à apprécier son jeune voisin. Mais que peut-il face à un gang aussi violent ?
Nous sommes des êtres de parole et d’écoute. Parler est une nécessité vitale. Walt est hanté par ce qu’il a vécu et ce qu’il a fait en Corée. Mais à qui faut-il parler ? à un jeune prêtre qu’il ne connait pas ou à un jeune asiatique qu’il a pris sous ses ailes ? Faut-il opposer les deux ? Gran Torino est un superbe mélodrame tragique, montant crescendo vers son dénouement. Walt n’est pas un type franchement sympathique et, pourtant, nous finissons par nous attacher à lui. Outre la place de la parole et de la confession, ce film est aussi un éloge indirect puissant de ce qu’est l’amour conjugal authentique : tirer vers le haut son conjoint, ne pas décider à sa place mais l’inviter à se tourner à son tour vers Dieu avec délicatesse. Clint Eastwood montre avec force qu’il ne faut pas opposer les ‘confessions’ que nous nous faisons entre humains et celles qui sont faites dans le cadre du sacrement. Dieu ne veut-il pas nous libérer pour que nous puissions pardonner et être pardonné à notre tour ?
– Se demander combien de confessions sont dans le film et s’interroger sur leur complémentarité
– La femme de Walt meurt avant le début du film. Ne peut-on pourtant pas dire qu’elle est le ‘personnage’ clef ?
– Quels sont les derniers mots de Walt ? pourquoi sont-ils importants ?