Un film profondément moral et même évangélique, qui a au cœur un dilemme moral difficile. Un scientifique est mêlé à la guerre et les choix qu’il va faire vont influer sur des millions de vies. Cet homme, Alan Turing est triplement marginalisé (par son autisme léger, son intelligence mathématique fulgurante et son orientation sexuelle) et pourtant il va créer l’ancêtre de l’ordinateur presque tout seul (beaucoup de choses dans le ‘presque’ bien sûr!). La phrase clef qui le soutient depuis son enfance et qui rythme par trois fois le film, rejoint très fortement l’évangile en particulier sous sa forme paulinienne, paradoxale: « Sometimes it is the people who no one imagines anything of, who do the things that no one can imagine » (je pense à « ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi, pour couvrir de confusion les sages ; ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi, pour couvrir de confusion ce qui est fort ; ce qui est d’origine modeste, méprisé dans le monde, ce qui n’est pas, voilà ce que Dieu a choisi, pour réduire à rien ce qui est » 1 Co 1,27-28). Un Messie crucifié, ce n’était pas facile à imaginer non plus…
© StudioCanal
FILM – 28/01/2015 – de Morten Tyldum avec Benedict Cumberbatch, Keira Knightley