Un film de Tarik Saleh avec Tawfeek Barhom, Fares Fares. Dans une pieuse famille égyptienne de pécheurs, un jeune homme, Adam, se voit décerner une bourse pour aller étudier à la prestigieuse université islamique d’Al Azhar au Caire. Une fois arrivé dans cet immense complexe, il va se trouver pris dans les luttes de pouvoir entre imams, avec la sureté générale égyptienne cherchant à imposer un Grand Imam à sa botte (comme depuis toujours). C’est la lutte du sacerdoce et de l’Empire du 12ème siècle chrétien transposé dans le monde musulman contemporain. Il y a une belle dimension esthétique, comme un corps de ballet dans une prison, qui donne un aspect très unifié au film (la mosquée stambouliote qui a servi de décor est sublime). Les discours religieux sont dépaysants et familiers à la fois (le vote pour le grand imam ressemble à un mini conclave!), tant l’univers des intégristes musulmans nous est devenu plus connu depuis 20 ans (hélas). Les acteurs sont très bons même si le look du colonel Ibrahim m’a vraiment surpris (il ressemble à un chanteur pop italien des années 70/80 dans mon imaginaire!). Le scénario est plutôt original et la fin vraiment bien tournée, justement récompensé par le Prix du scénario au Festival de Cannes 2022. Un film cohérent, sobre et fort.