Un film de Dominik Moll avec Bastien Bouillon, Bouli Lanners, Anouk Grinberg, Mouna Soualem. Dans la nuit du 12 au 13 octobre, à Grenoble, nous sommes dans les locaux de la PJ et c’est la fête pour le départ en retraite du chef. Cette même nuit, une jeune femme de 21 ans, est sauvagement assassinée en étant brûlée vive à St Jean de Maurienne et l’enquête leur est confiée, notamment au tout nouveau (jeune) chef, Yohan. Qualifiée de ‘pas compliquée’ par son amie Stéphanie, et attirée par les ‘bad boys’, la jeune Clara avait enchaîné une série d’aventures sans lendemain (il y a ici, ce me semble, au niveau du personnage, une tension entre sa description comme fille très gentille et romantique, ‘cœur d’artichaut’ et son côté détachée collectionnant des relations sans amour, parfois brutales, vécues même en simultané: la question n’est pas ‘secondaire’ car le propos du scénario est de soutenir que ce comportement est tout à fait normal pour une jeune femme (et que « l’on » trouverait cela normal pour un homme (mais je ferais la même remarque pour un garçon); discuter de cela est difficile car lorsque l’un des personnages s’interroge, sans du tout être méprisant, sur ce point, on lui répond que ‘nulle ne ‘mérite’ d’être brûlée’, ce qui est absolument indéniable mais ne répond pas à l’interrogation) . L’enquête va s’enliser sans qu’aucune piste solide n’apparaisse, hantant peu à peu les deux policiers qui s’y sont principalement consacrés. La dureté du métier de policier, plongeant sans cesse dans les mystères du mal, et croisant en outre ici des jeunes hommes minables et veules, est bien montrée: difficile de rester solaire et serein lorsqu’on est ainsi confronté au Mal en permanence (le réalisateur a cette phrase intéressante en interview: « ce qui me travaille, ce n’est pas le mal comme quelque chose d’extérieur qui nous tombe dessus, mais plutôt la part de mal que chacun a en soi et comment il la gère », qui rejoint bien la problématique de Gn 1-4). Dans le rôle du second, Marceau, Bouli Lanners est exceptionnel (il a eu le César 2023) mais je ne suis, en revanche, pas tout à fait convaincu par Bastien Bouillon, Yohan. Il y a une très belle phrase de la nouvelle de l’équipe à la fin, la seule femme, Nadia: En substance, les morts que nous avons connus demeurent avec nous et ils nous aident à tenir bon. Bref, un film très bien fait et interprété, intelligent et noir (mais pas désespéré: il y a la gentiane…), montrant la misère affective des jeunes d’aujourd’hui grandissant dans une société permissive mais froide, où le sexisme, quoique combattu, demeure et où les policiers chargés de défendre le bien se demandent sans cesse le sens d’une mission qui les « dévore » peu à peu.