Ecrit avant « le parfum du temps », ce court essai – selon la coutume de l’auteur – en annonce déjà plusieurs développements (cf le chapitre Vita activa par exemple): Pourquoi le burn-out est-il si important aujourd’hui? Pourquoi le système économique et social favorise cette société de la fatigue qui laisse l’individu épuisé (« Le système capitaliste passe de l’exploitation par un tiers à l’auto-exploitation pour aller plus vite » (33))? On rencontre souvent des phrases et des paragraphes qui me paraissent toucher très juste. Quelques exemples: « Le sujet performant postmoderne n’effectue pas de travail obligatoire. Ses mots d’ordre ne sont pas obéissance, loi et devoirs à remplir, mais liberté, désir et penchants à satisfaire » (12); « Aucun processus de refoulement et de négation n’est associé aux affections psychiques d’aujourd’hui, telles que la dépression, le burn-out ou le syndrome de déficit d’attention-hyperactivité. Celles-ci renvoient plutôt à une surcharge en positivité; non pas à la négation mais plutôt à l’impuissance de dire non; non pas au verbe ne-pas-avoir-le-droit-de mais à pouvoir-tout. » (18). « La société de la performance est une société de l’auto-exploitation. Le sujet performant s’exploite lui-même jusqu’à se consumer entièrement (burn-out) » (29); « C’est à une attention profonde et contemplative que nous devons les productions culturelles de l’humanité, et notamment de la philosophie » (61). Il repère aussi combien l’absence de perspective religieuse transforme le bien être et la santé en nouveaux absolus: « S’il y avait un horizon de sens au-delà de la vie nue, alors la santé ne pourrait pas s’ériger en principe absolu » (70). L’auteur reprend des auteurs contemporains, notamment Agamben, Handke et bien sûr Ehrenberg mais aussi des anciens, Nietzsche, Arendt, Benjamin. Bref, il donne vraiment à penser mais je recommanderais plutôt le dernier.