Hommage d’un petit fils à son grand père, traversée de l’histoire chinoise du 20ème siècle vue depuis le village de Putian, dans la province côtière du Fujian. C’est étonnant comme ce livre combine un fil narratif assez classique et en même temps procède à des ellipses étonnantes pour un esprit occidental. C’est touchant, vrai et d’une grande poésie. Ce Yong Sheng, cet improbable pasteur, était aussi un sculpteur de sifflets d’oiseaux, une antique tradition chinoise et cet art accompagne le livre dont un autre personnage principal est un arbre, un aguilaire (ou arbre à encens) un arbre qui garde la foi et arrive à ressusciter quand l’homme ne le peut (« Mon vieil arbre avait connu toutes les vicissitudes de la vie. Il était mort, avait vécu l’enfer, mais dans les profondeurs de la terre, il était ressuscité » )… Il est au cœur d’une des scènes les plus fortes du livre (il en contient beaucoup). Dai Sijie est un conteur empathique et poétique, tendre et véridique à la fois. Un superbe portrait d’un homme bambou pris dans la tempête violente d’une histoire parfois terrible (la révolution culturelle notamment).