En 1944 les V-2 pleuvent sur Londres et nombreuses sont les victimes civiles dont des enfants. En vue d eleur rendre hommage, Spufford imagine cinq d’entre eux et décrit le missile les atteignant alors qu’ils sont environ 5 ans. Mais ensuite, dans une sorte de fiction, il raconte leur vie. Le procédé consiste à faire des flashs, des vignettes tous le s5 ou 10 ans en se’ centrant sur un moment de leur vie. Un moment ordinaire de vies ordinaires d’anglais des classes populaires, traversant les années d’après guerre, 1968, l’arrivée de Thatcher etc. Pour deviner ce qui s’est passé dans l’intervalle avant l’année X, il faut partir des indices donnés dans ce qui est raconté de l’année X. Les jeunes n’ont pas de relations stables entre eux même s’ils se croient parfois et se reconnaissent de temps en temps, comme venant du même quartier de Bexford. Le talent littéraire de Spufford est incontestable et son sens du temps pour décrire des moments ordinaires, de l’adolescence par exemple, ou de la routine d’un couple, est impressionnant de justesse. On ne peut que tout louer… Et pourtant, in fine je ne suis pas entièrement convaincu. Pourquoi? Difficile à dire. D’une part la narration hachée a rendu pour moi le fil difficile à suivre et le fait de sauter des années entières rend les vignettes plus difficiles à lire surtout lorsqu’elles passent beaucoup de temps à décrire un moment anodin. Ces vies sont sans doute ordinaires, et c’est bien de leur rendre hommage aussi, mais elles sont aussi de ce fait souvent ennuyeuses, surtout quand le narrateur décrit longuement un environnement londonien patiemment reconstitué (ce qui pourra intéresser et même émouvoir un londonien, voire peut-être un anglais) mais ne peut me parler. Je suis donc in fine partagé. Mais les anglophones, et les anglais, apprécieront le tour de force je pense.