[L’homme au manteau rouge] A l’été 1885, trois français débarquent à Londres, le dandy le plus célèbre de son temps, Robert de Montesquiou, l’aristocrate désabusé le prince de Polignac et un étonnant roturier, le brillant médecin Samuel Pozzi originaire de Bergerac (et avant, par son père, de la Valtelline). C’est à juste titre que son fameux portrait par John Singer Sargent orne la couverture. Cet homme est un remarquable chirurgien et va être le pionnier de la gynécologie en France: il deviendra le titulaire de la première chaire de son nom et l’auteur d’un manuel traduit en de nombreuses langues et en usage pendant trente ans. Avec ce récit historique fruit d’un incroyable travail de documentation, Julian Barnes nous livre un portrait saisissant de la Belle Époque qui ne ne fut pas si « belle » que cela mais pas moins passionnante. Il nous parle de ses duels, de ses mots d’esprit, de Sarah Bernhardt (que soigna Pozzi, comme il soigna tant de personnalités de l’avant guerre), des différences culturelles et des échanges permanents entre la France et l’Angleterre (Pozzi était anglophone et anglophile). Un livre ruisselant d’esprit et de finesse sur l’histoire des idées, en entrant par le biais de la vie de quelques hommes représentatifs de leur époque. C’est superbement écrit, souvent très drôle, enlevé et bigrement intelligent.