L’auteure relit la parabole dite du fils prodigue tout en pensant en parallèle l’adolescence de ses deux fils. On y retrouve son écriture fluide et élégante, ainsi que sa finesse spirituelle (citant tout aussi bien l’incontournable Baudiquey que le plus surprenant Barthes avec ce superbe: ‘l’intelligence, c’est tout ce qui permet de vivre souverainement avec un être’)). On y croise des formules qui donnent à penser comme « cette parabole n’est l’histoire d’un fils qui part que dans la mesure où elle est aussi l’histoire d’un père qui reste » (41). Ma seule, et légère, réserve porte sur le phénomène de l’adolescence, dont je ne suis pas sûr qu’il fournit le paradigme le plus approprié à la parabole, en ce sens que je ne pense pas que Jésus pense à un processus pour ainsi dire naturel sinon à la conversion des pécheurs (qui n’avaient pas à partir pour devenir eux-mêmes) vers la miséricorde du Père. La lecture est tentante mais tend à faire de la révolte adolescente un processus anthropologique naturel alors qu’elle est à mon sens une réalité psychologique culturelle assez récente et nullement obligatoire ou quasi obligatoire. Mais bon cela ouvre une discussion!