Une série (Disney) de Rachel Kondo et Justin Marks, avec Hiroyuki Sanada, Anna Sawai, Cosmo Jarvis, Tadanobu Asano, en dix épisodes d’environ 55′ (2024). Il s’agit d’un remake de la célèbre série de 1980 avec Richard Chamberlain (qui m’avait bien marqué en son temps), elle-même tirée du roman de James Clavell du même nom. Un navire hollandais, avec un pilote anglais, arrive au Japon en l’an 1600. Nous sommes en plein milieu d’un moment clef de l’histoire du Japon: il y a un interrègne et Tokugawa (Toronaga dans la série), bien que mis en minorité dans le conseil des cinq régents (le scénariste y met, curieusement, deux chrétiens, ce qui est totalement impossible à cette époque (puisque Hideyoshi a commencé les persécutions bien avant)), monte en puissance alors même que la coalition contre lui semble formidable. Blackthorne l’anglais (passons sur le fait que le portugais des dialogues est opportunément devenu de l’anglais sans doute pour ne pas accabler les acteurs 😉 ) doit s’adapter pour survivre dans ce monde étrange. Il est peu à peu impressionné par sa traductrice, la princesse chrétienne Toda Mariko (inspirée d’un personnage réel: Gracia Hosokawa). C’est elle, la véritable héroïne de l’histoire et rarement une croix aura été portée avec plus de dignité et de noblesse (au fond, la croix c’est une histoire d’amour allant jusqu’au bout…). Elle est totalement japonaise, issue d’une longue lignée de samurais, et profondément chrétienne aussi. Je note que le jeune prêtre jésuite, Martin, parle très bien japonais: c’est un homme intelligent, bon et loyal (ce qui mérite d’être relevé: seuls deux jésuites sont présents dans la série). Dans le même temps, la question – délicate – des revenus du navire annuel vers Macao pour la survie financière de la mission au Japon est légitimement évoquée. La série est fidèle à l’esprit du livre et les reconstitutions du Japon sont époustouflantes. La dimension de la rencontre culturelle entre deux mondes si différents est bien rendue, avec beaucoup de scènes d’intérieur et de rituels (les jardins, les bains, les costumes, le thé, la façon de se mouvoir des femmes nobles, le seppuku, le culte excessif mais admirable de l’honneur, etc.). Tout est parfait (à l’exception de l’acteur incarnant Blackthorne, qui a des muscles certes mais le charisme et le jeu d’un poteau de bois), esthétiquement superbe et magnifiquement filmé. Pour qui aime la culture japonaise et les séries historiques, à ne surtout pas manquer!